ACCES FTP
S'ABONNER

Le photographe Jérôme Bonnet

Avant de réaliser ces portraits de célébrités que l'on voit partout dans la presse, le photographe Jérôme Bonnet s'est d'abord consacré, dans les premiers temps de sa carrière, au reportage, influencé notamment par le travail de photographes de Magnum, tels que Raymond Depardon, Bruce Davidson ou Alex Webb. Il travaille alors pour Télérama et Libération, comme éditeur d'abord, puis comme photographe. Il se consacre désormais essentiellement au portrait et publie ses images dans de nombreux magazines comme Libération, Télérama, Next, Elle, GQ, Têtu, Air France Magazine, Madame Figaro, Newsweek, Financial Times... Son style, reconnaissable entre tous, fait de lui l'un des portraitistes les plus reconnus actuellement. Son travail a été récompensé à de nombreuses reprises, notamment au World Press Photo.
LEGENDE
A PLACER ICI

INTERVIEW

- Pourquoi êtes-vous devenu photographe ?
Jérôme Bonnet : J'avais l'impression d'être incroyablement bon photographe dès mon premier rouleau. Rétrospectivement, rien ne justifiait cette confiance.

- Quelle est l'activité qui vous permet de reposer vos yeux et de ressourcer votre envie de photographier ?
JB : Ce sont généralement des photos qui me donnent envie de faire d'autres photos.

- L'art du portrait est très ancien. Il se place au fondement même des premières photographies. Il est également chargé d'une riche tradition picturale. Comment situez-vous votre travail, par rapport à la peinture ?
JB : J'ai beaucoup fréquenté les musées étant enfant. Je pense que cela a été déterminant et qu'on le retrouve aujourd'hui dans mes images.

- Les Indiens craignaient qu'on ne vole leur âme si un photographe faisait leur portrait : que pensez-vous de cette peur instinctive ?
JB : Je comprends qu'on refuse de se laisser photographier. Mais je ne me soucie pas trop des sentiments de ceux qui acceptent : je ne pense pas que cela fasse vraiment partie de mon rôle de photographe.

- La lumière est très importante dans vos images : comment travaillez-vous cette lumière, justement ?
JB : J'ai mis en place un certain type de lumière, il y a environ deux ans, qui me satisfait. J'utilise deux flashs profoto, très centrés sur mon sujet. Ce système me permet d'obtenir à la fois des plans larges et des plans serrés, facilement. Il m'arrive aussi de louer du matériel supplémentaire, (j'ai parfois besoin d'une lumière différente, plus complexe, afin d'obtenir notamment une profondeur de champ moins importante). Mais, pour des raisons économiques, cela n'est pas toujours possible. Généralement, je préfère installer la lumière avant de rencontrer mon sujet. Je ne fais presque jamais de polas : j'ai donc parfois des surprises. Des bonnes et des mauvaises. J'aime conserver ce côté imprévisible qui fait encore le charme de l'argentique. Mais je viens d'acheter un boîtier numérique. Il se peut donc que cela change pas mal de choses.

- Vous faites actuellement des portraits, essentiellement, mais vous vous êtes aussi consacré au reportage. Quelle place cela occupe-t-il désormais dans votre activité professionnelle ?
JB : Je ne fais plus de reportage depuis le changement de maquette d'Air France Magazine.

- Parmi la génération de demain, y a-t-il des photographes dont vous suivez le travail ?
JB : Je déteste les photographes plus jeunes que moi, en particulier s'ils ont du talent.
 

QUESTIONS SUBSIDIAIRES

- Quel métier auriez-vous aimé faire ?
JB : Trader.

- Quel métier n'auriez-vous pas aimé faire ?
JB : Kiné.

- Quelle est votre drogue favorite ?
JB : La nicotine.

- Quel est votre juron, gros mot, blasphème favori ?
JB : "Fait chier !"

- Qui aimeriez-vous shooter pour mettre sur un nouveau billet de banque ?
JB : Britney Spears.

- Quel est le don de la nature que vous aimeriez avoir ?
JB : L'immortalité.

 

SI VOUS ÉTIEZ

- Une chanson ?
JB : "Giant", de Herman Dune (en tout cas cette semaine).

- Un objet ?
JB : Ces bottines, que je viens juste d'acheter en solde.

- Une saison ?
JB : Le printemps.

- Une couleur ?
JB : Beige, gris, à la limite vieux rose.

- Un sentiment ?
JB : L'ennui.

- Une odeur ?
JB : Du tabac froid.

- Un artiste ?
JB : Bruce Lee.

- Une œuvre d'art ?
JB : L'homme qui marche, de Giacometti.
 

UN PHOTOGRAPHE + UN LABO
Jérôme Bonnet & Processus

- Pourquoi avez-vous choisi Processus ?
JB : Processus est le tout premier labo avec lequel j'ai travaillé. Ce à quoi j'ai été particulièrement sensible à l'époque, c'est que, chez Processus, connu dans le métier ou pas, tous les photographes ont droit à la même qualité de travail. Et puis pendant un moment, j'ai travaillé avec d'autres labo ; mais je travaille à nouveau exclusivement avec eux. Je fais développer tous mes films là-bas, je fais scanner mes négatifs et retoucher toutes mes images. Processus me donne à la fois un travail de très bonne qualité avec des tarifs intéressants et m'offre un fonctionnement suffisamment souple et adapté à la presse qui demande des délais vraiment serrés et qui nécessite d'être hyper réactif lors d'imprévus de dernière minute. Ce que je demande à un retoucheur, c'est d'aller très vite dans ma direction et de comprendre ce que j'attends. Chez Processus, l'équipe des retoucheurs me connaît bien. Sur mes images, je sais qu'ils vont toujours aller plus loin, me proposer quelque chose qui ira dans mon sens et qui saura me surprendre et me convaincre.


Interview : Sandrine Fafet
(Janvier 2009)