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Le photographe Sébastien Agnetti

Sébastien Agnetti se dit "photographe d’ambiance". Photographe portraitiste, il travaille pour la presse, et réalise des portraits, des photos de mode et des reportages pour des magazines tels que The Wire, Spex, Das Magazin, Groove, Madame Figaro, Spray, Citizen K, Modzik, Nico International, Amusement, Glamour, ou l’Uomo Vogue. En publicité, il travaille notamment pour Publicis Conseil, BDDP&Fils, DDB Paris, plusieurs agences en Suisse et pour des labels de musique comme Universal ou Warner. À la question : "Qu’est-ce qui déclenche une envie de photo ?" Sébastien Agnetti a répondu : "Le nuit". Découvrez donc ce photographe en pleine lumière.
LEGENDE
A PLACER ICI

INTERVIEW

- Quels sont les photographes qui vous ont donné envie de faire de la photo ?
Sébastien Agnetti : Des photographes comme Alec Soth, Jeff Wall, Larry Clark, Philip-Lorca diCorcia, il y a aussi Guy Bourdin, Tim Walker.

- Premiers contacts avec la photographie  ?
SA : Pendant mes études de dessinateur de machines, à Genève. À l’époque, j’avais un ami inscrit dans un club photo. C’est lui qui m’a transmis cette passion, en me montrant régulièrement des images N&B qu’il tirait lui-même. J’ai vite eu envie de laisser tomber le dessin technique. J’ai quand même passé mon certificat de dessinateur, mais ensuite je me suis consacré entièrement à la photographie.

- Pourquoi êtes-vous devenu photographe ?
SA : Pour avoir une certaine liberté. Je me suis dit : « Fonce si tu veux vivre de cette passion et être ton propre patron ».

- Comment êtes-vous devenu photographe ?
SA : Un passage un peu lourd dans ma vie… Je me disais : "Fais ce que tu aimes de ta vie, ou du moins essaie tout ce qui est possible pour y arriver". J’ai commencé mes cours à l’école de photographie de Vevey, en Suisse. Ensuite j'ai fait de l’assistanat à l’école d’art de Lausanne (ECAL), en section photo. En parallèle, j’ai repris un studio photo en Suisse durant 3 ans, et puis je suis venu m’installer à Paris. J’ai commencé par être assistant pour des photographes comme Erwan Frotin en nature morte et Philippe Cometti en mode.

- Souvenirs de shootings en 3 flashs ?

- Le plus cauchemardesque
SA : Deux ou trois erreurs de sélection. Travailler avec des gens qui ne te correspondent pas vraiment et te dire alors : « Mais, je fais quoi ici… ? » Et en plus tu sais pas pourquoi tu photographies ça !

- Le plus dingue
SA : Une série de portraits de Rachid Taha, un après-midi, lui et moi chez lui. Superbe !

- Le plus trippant
SA : Une semaine de mode en république dominicaine en plein mois de décembre. Avec une équipe de huit personnes. Au final : un ouragan durant toute la semaine, pluie et vent… shooting très éprouvant, mais tellement bon !

- Qu’est-ce qui vous passionne le plus dans la photographie ?
SA : Les rencontres, le travail en équipe, les milieux différents que l’on traverse. Et bien sûr la découverte d’un résultat.

- Quelle est l’activité qui vous permet de reposer vos yeux et de ressourcer votre envie de photographier ?
SA : Une belle marche en montagne ou en forêt. Tu te retrouves seul. Tes sens sont en éveille. Tu réfléchis sainement et tu as plein d’envie, plein d’idées créatives...
Et cela devient une nécessité quand tu vis dans une ville comme Paris.

- Vous passer de prendre des photos, ce serait possible ?
SA : Quand la photographie reste une vraie passion - même avec des commandes parfois plus commerciales - tu as toujours envie de t’amuser, donc de prendre des images. Je pense que je ne pourrais pas arrêter de faire des images. Quoi que, en ce moment, j’ai aussi envie de me lancer dans le film.

- Vous êtes d’origine Suisse, comment avez-vous été amené à travailler en France ?
SA : Je viens de Suisse Romande, d’une petite ville au bord du lac Léman. J’avais envie de voir plus grand... et j’aime beaucoup Paris. Je travaille surtout en Suisse et en France pour le moment, et je travaille aussi régulièrement pour quelques magazines Anglais et Allemand. J’ai bien envie de faire un petit séjour aux USA un de ces quatre...

- Les mentalités et les méthodes de travail sont-elles différentes d’un pays à l’autre selon vous ?
SA : Le contact est assez différent, mais en règle générale, les méthodes de travail sont les mêmes. La Suisse n'est pas un très grand pays, et, du coup, il y a un peu moins de possibilités de s’ouvrir à l’international.

- Les Indiens craignaient qu’on ne vole leur âme si un photographe faisait leur portrait : que penses-tu de cette peur instinctive ?
SA : C’est pas si faux… cela dépend du photographe.
 

QUESTIONS SUBSIDIAIRES

- Quel (autre) métier auriez-vous aimé faire ?
SA : Cuisinier ou musicien.

- Quel est le métier que vous n'auriez pas aimé faire ?
SA : Banquier.

- Quelle est votre drogue favorite ?
SA : L’herbe… à chat.

- Qu’est-ce qui vous fait réagir le plus, de façon créative, spirituellement, ou émotionnellement ?
SA : Le cinéma et l’art.

- Qu’est-ce qui, au contraire, vous met complètement à plat ?
SA : La comptabilité.

- Qu’avez-vous été capable de faire par amour ?
SA : Prendre un chat (mais aujourd’hui, j’en suis dingue).

- Qui aimeriez-vous shooter pour mettre sur un nouveau billet de banque ?
SA : Ma femme, ce serait drôle…

- Quel est votre juron, gros mot, blasphème favori ?
SA : « Gopfer tami nomol !! »

- Quel don de la nature aimeriez-vous avoir ?
SA : Parler huit langues.

- Avez-vous un objet fétiche, un porte-bonheur ?
SA : Mes New Balance.

- À quoi vous sert l’art ?
SA : M’évader de toute réalité.
 

SI VOUS ÉTIEZ

- Une couleur ?
SA : Le jaune.

- Une chanson ?
SA : "So What", de Miles Davis.

- Un objet ?
SA : Des baskets New Balance.

- Une saison ?
SA : Le printemps.

- Un parfum ?
SA : Celui de la forêt.

- Un sentiment ?
SA : …de légèreté.

- Un (autre) artiste ?
SA : Gainsbourg.

- Un alcool ?
SA : Tequila !

- Une œuvre d’art ?
SA :  Une chanson de Chet Baker.
 

INTERVIEW « RÉFLEXE »

- Quel est le cliché que vous ne supportez plus ?
SA : Le photographe de mode.

- Quel est le réflexe dont vous êtes le plus fier ?
SA : Ma politesse.

- Qu’est-ce que vous ne pouvez pas encadrer ?
SA : Les radins.

- Qu’est-ce qui déclenche une envie de photo ?
SA : La nuit.

- Devant quel sujet ne pouvez-vous pas rester objectif ?
SA : Le racisme.

- À quoi sert un photographe ?
SA : Interpeller, amener une autre vision.

- Envie de faire une mise au point, là, tout de suite ?
SA : ...sur mon compte en banque.

- Si vous deviez zoomer sur un événement, ce serait lequel ?
SA : Le festival de Woodstock en 1969.

- Quel est votre boîtier fétiche ?
SA : Ma Linhof Technika.

- À quoi êtes-vous le plus sensible ?
SA : Au respect.

- En photo, qui vous impressionne vraiment ?
SA : Joel Sternfeld.

- Qu’est-ce qui passe avec succès, l’épreuve du temps ?
SA : Un beau tirage N&B baryté.
 

UN PHOTOGRAPHE + UN LABO
Sébastien Agnetti & Processus


- Pourquoi avez-vous choisi Processus ? 
SA : J’y ai trouvé un super accueil. Ce sont des passionnés d’images avant tout et nous avons une même sensibilité à la photographie. J’ai connu Processus par un ami Suisse, photographe, qui allait développer ces films 4x5 chez eux : vu l’exigence de ce photographe, j’y suis allé les yeux fermés.
Pour bien dormir, il faut vraiment avoir confiance en son labo... Quand j’apporte mes films, j’ai confiance. Et quand les travaux sont livrés, je suis toujours satisfait du résultat, c’est capital dans mon domaine d’activité. L’équipe est soudée et on le ressent dans leur travail. Ils prennent le temps de pousser la qualité au maximum et surtout ils comprennent rapidement la direction du photographe, et des images. Ce qui important pour moi chez Processus c’est l’écoute, le conseil, et l’apport artistique qu’amène le labo dans ce "processus de création". Il ne va pas de soi dans tous les labo de se sentir compris. Chez Processus, on pratique la photographie par passion et cette énergie rend les démarches plus légères. La confiance, c’est une règle dans ce métier.
 

L'ARRÊT SUR IMAGE de Sébastien Agnetti

Sébastien Agnetti décrypte pour nous l'une de ses images. The little black skirt. 
SA : C’est une image tirée de ma première série de mode à Paris. Je venais juste de m’installer dans cette ville, je rencontre une styliste qui me propose une série pour un magazine français. Je lui dis que j’aime travailler à la chambre, que je voudrais partir sur des plans très larges, avec pas mal d’architecture. Je voulais aussi montrer Paris. Pas si facile de réaliser une telle série : s’installer dans la rue, avec tous les gens qui passent, l’équipe, et le tout à la chambre 4x5… un vrai challenge pour moi. Mais aujourd’hui, je suis toujours fier de cette image, j’aime son côté cinématographique. Je l’associe vraiment à mon arrivée à Paris, une ville où tout est possible, et où le rêve devient réalité.
Pour capter ce mélange de lumière urbaine et naturelle de fin de journée, j’ai utilisé des films négatifs que j’ai poussés. À la post-prod, j’ai choisi une chromie pas trop saturée, dans des tons plutôt chauds.


Interview : Sandrine Fafet
(Juin 2010)