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Le photographe Olaf Wipperfürth

Olaf Wipperfürth, né à Düsseldorf, en Allemagne, étudie d'abord la philosophie et l'histoire de l'art, tout en participant à plusieurs projets musicaux, avant de suivre une formation en photographie. Il s'installe à Paris dans les années 90, poursuit sa passion pour la photo et obtient son doctorat de philosophie en 1999 sur "Le moment, dans l'art contemporain et la philosophie".
Son travail personnel est largement influencé par ses études de théorie esthétique contemporaine et de photographie conceptuelle à l'école d'art de Düsseldorf. Il explore notamment le thème de "l'absence" ainsi que le caractère hypnotique des apparitions fantomatiques dans la photographie.
Ses images de mode et de beauté paraissent dans de nombreux magazines tels que Vogue, Muse, ou GQ. Il réalise également de nombreuses campagnes de pub.
Il vit et travaille entre Paris et New York.
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INTERVIEW

- Comment êtes-vous devenu photographe ?
Olaf Wipperfürth : J’ai essayé plein de choses avant de devenir photographe professionnel (j’ai été musicien pendant plusieurs années, par exemple) mais la photographie me semblait finalement le moyen le plus juste pour montrer des choses « invisibles ». Très tôt j’ai été entouré d’artistes, de photographes, lorsque j’habitais à Düsseldorf, et cela m’a beaucoup influencé. Durant mes études, je me suis vraiment passionné pour l’image photographique. J’ai toujours besoin de nouveaux projets, d’aventures nouvelles et je me suis dit que le métier de photographe serait parfait. Chaque projet est un nouveau défi. Et c’est ce qui me passionne dans ce métier. J’aime vraiment capter l’instant, le mouvement, et je suis toujours à la recherche du sublime.

- Quels sont les photographes qui vous ont donné envie de faire de la photo ?
OW : Comme photographe, je citerais Jacques-Henri Lartigue. J’ai aussi été fasciné par des photos de familles trouvées dans des marchés aux puces, ou dans des archives. Mais finalement, ce sont surtout des cinéastes qui m’ont influencé. Des gens comme Tarkovski, Cassavetes, Pasolini, Godard, ou Chris Marker. Mais aussi pas mal de peintres et de musiciens. 

- Qu’est-ce qui vous passionne le plus dans la photographie ?
OW : C’est le mouvement des images. Tous ces moments et les images qu’on peut s’imaginer derrière les images.

- Argentique vs numérique ?
OW : Je trouve l’argentique plus beau et plus précieux. J’ai grandi avec l’argentique, et j’ai fait mes débuts avec cette technique. La démarche même, le temps investi dans la prise de vue, le développement, le tirage, etc., tout cela est vraiment très précieux. Mais dans notre réalité professionnelle actuelle, le numérique répond davantage aux impératifs de travail où tout doit aller très vite. Pour les éditos et les projets perso par contre, j’essaye toujours de travailler en argentique - si je peux.

- Comment trouvez-vous les idées de vos shootings pour la presse ?
OW : Le point de départ est souvent caché entre les lignes. Ensuite je fais des recherches iconographiques, ou de textes. J’ai toujours un grand stock d’idées prêtes à exploiter. Je fais une préparation très précise en amont mais au moment du shooting, j’aime bien garder une part d’improvisation… et ça c’est le fun.

- Comment abordez-vous un sujet qui a déjà été très photographié sans tomber dans le cliché ?
OW : Il y a toujours une différence à faire dans les petits détails : un geste, l’expression d’un visage, un mouvement, une émotion. Il faut savoir garder son propre regard sur les choses, son style, et c’est cela qui fait la différence.

- L’industrie de la mode a-t-elle beaucoup changé depuis vos débuts ?
OW : Oui, les éditos ressemblent de plus en plus aux pubs. Assujetti au marché et aux annonceurs, l’édito a perdu un peu de son charme et de son indépendance créative. Je peux de moins en moins m’y exprimer librement. La liberté créative, c’est dans mes projets perso que je peux la retrouver.

- La photographie est-elle vitale pour vous ?
OW : C’est vital pour moi, oui. Prendre des photos me rend heureux.

- Quel conseil donneriez-vous à un jeune photographe ?
OW : Shoot, shoot, shoot… Et puis fais un bilan «honnête» avec toi-même, pose-toi la question : « Est-ce que j’ai vraiment du talent et assez de motivation pour entrer dans le système professionnel ? » Sinon, ce sera trop dur et ce sera trop d’efforts.
 

QUESTIONS SUBSIDIAIRES

- Quel est l’autre métier que vous auriez aimé faire ?
OW : Guide de Haute Montagne.

- Quel est le métier que vous n’auriez pas aimé faire ?
OW : Banquier.

- Quelle est votre drogue favorite ?
OW: L’endorphine.

- Qu’est-ce qui vous fait réagir le plus de façon créative, spirituellement, ou émotionnellement ?
OW : « Flow » (le mouvement, la circulation, aussi corporel que mental)

- Qu’est-ce qui, au contraire, vous met complètement à plat ?
OW : L’immobilisme.

- Quel est le bruit, ou le son, que vous aimez faire ?
OW : Le piano.

- Quel est le bruit ou le son que vous détestez ?
OW : Les voix très aiguës de certaines femmes, et la glace qui craque.

- Qui aimeriez-vous shooter pour mettre sur un nouveau billet de banque ?
OW : Marylin Monroe.

- Quel est le don de la nature que vous aimeriez avoir ?
OW : Voler.
 

SI VOUS ÉTIEZ

- Une couleur ?
OW : Le bleu.

- Un mot… en allemand ?
OW : « Unterwegs » (être en route)

- Un mot… en français ?
OW : « Sublime »

- Un animal ?
OW : Le dauphin.

- Un parfum ?
OW : Scent, de Costume National.

- Un sentiment ?
OW : Tomber amoureux.

- Un artiste ?
OW : Gerhard Richter.

- Une œuvre d’art ?
OW : Le Mont St Victoire, de Paul Cézanne.

- Un alcool ?
OW : Un mojito.

- Une chanson ?
OW : "Disorder", de Joy Division.
 

UN PHOTOGRAPHE + UN LABO
Olaf Wipperfürth & Processus


- Pourquoi avez-vous choisi Processus ?
OW : Une grande « petite » équipe très sympa, efficace, réactive et très sensible aux images… (peut-être parce qu’il y une majorité de filles… ?!). Et puis il y a l’enthousiasme de Marie-Laure, qui dirige le labo. C’est vraiment parfait pour mes images ! Je travaille beaucoup à l’étranger, mais je cherche à travailler avec eux le plus souvent possible.


Interview : Sandrine Fafet
(Mai 2009)